L’Association gréco-suisse Jean-Gabriel Eynard a été fondée par un groupe de Genevois et de Grecs réunis autour de l’historien et journaliste Edouard Chapuisat alors qu’approchait le centième anniversaire du début de la guerre d’indépendance grecque de 1821. Les membres fondateurs et futurs membres du comité étaient, du côté suisse, Édouard Chapuisat qui sera le premier président de l’Association, Jean Martin, Waldemar Déonna, Fred Boissonnas, Daniel Baud-Bovy, du côté grec, le professeur de mathématiques Giorgos Arvanitakis (premier secrétaire général du Comité), l’économiste Mavrogordato (premier trésorier), ainsi que les médecins Yennaropoulos, Zanettos et Papadakis.
L’Association vit le jour le 3 juillet 1918, lorsque se réunit le comité d’initiative. Le communiqué en vue de la fondation de l’Association fut publié dans le Journal de Genève du 11 octobre 1918:
Au moment où on parle partout de la Société des Nations – preuve éloquente que la conscience universelle, éclairée sur la fraternité des peuples se dépouille des anciens préjugés – l’idée de fonder une “Association gréco-suisse” ayant pour but de resserrer et d’augmenter les liens de toute nature entre les peuples suisse et grec, jaillit spontanément.
L’assemblée constitutive n’eut cependant lieu que le 10 mars 1919 au Palais de l’Athénée, de façon tardive, en raison de l’épidémie de grippe espagnole qui sévissait et qui avait mené à une interdiction des rassemblements publics. C’est la raison pour laquelle le Centenaire de l’Association a été célébré en mars 2019.
Par sa valeur symbolique, le nom du philhellène Jean-Gabriel Eynard s’imposa. Il évoquait pour les uns l’engagement précis et désintéressé en faveur de la Grèce et pour les autres des sentiments de reconnaissance et de fraternité envers Genève et son mouvement philhellénique :
Le comité d’initiative, en lui donnant le nom de « Jean-Gabriel Eynard », l’illustre philhellène genevois, croit exprimer à la fois tout l’espoir qu’il fonde sur les relations réciproques des deux peuples et le bien qui en résultera.
Convaincus de l’existence d’une vocation démocratique commune dans les deux communautés, les fondateurs se proposaient, au lendemain des guerres, de faire bénéficier leurs pays respectifs de relations privilégiées sur les plans culturel et économique.
Les commissions dont s’était dotée l’Association avaient pour but de promouvoir un tourisme respectueux du pays (commission du tourisme), d’organiser des manifestations culturelles pour faire connaître la Grèce, de soutenir les étudiants hellènes dans notre ville et d’enrichir les fonds de la Bibliothèque avec des ouvrages aptes à faire connaître la Grèce (commission universitaire et artistique), ou encore de mettre en contact des firmes et des commerçants suisses et grecs (commission économique).
Par la suite, hormis lors des périodes les plus difficiles du XXe siècle, quand elle s’est efforcée d’apporter de l’aide humanitaire dans la mesure de ses moyens, l’Association n’a eu de cesse d’organiser des manifestations telles que voyages, croisières ou escapades dans des régions présentant un rapport direct ou indirect avec le monde grec.
D’autre part, elle met périodiquement sur pied ou contribue à l’organisation de conférences, colloques, concerts, projections de films, représentations théâtrales, visites d’expositions ou sorties à thème. L’Association organise aussi régulièrement des événements en commun avec les associations helléniques de Genève. Elle commémore chaque année la fête nationale grecque par une cérémonie à la Villa Eynard, dans le Parc des Bastions, au cours de laquelle le ou la Président-e rappelle les liens profonds unissant Genève à la Grèce et une couronne est posée au pied du buste de Jean-Gabriel Eynard.
Chaque année, l’Association attribue une bourse dans le but de favoriser l’étude du grec moderne et les recherches sur la civilisation et l’environnement de la Grèce moderne. Cette bourse est réservée en principe à des étudiantes et étudiants souhaitant parfaire leur pratique de la langue grecque, notamment lors de séjours linguistiques ou effectuer des travaux de recherche en sciences humaines ou naturelles.
L’Association encourage l’étude du grec ancien par l’attribution du prix de grec décerné chaque année à un ou une élève du Collège de Genève, par l’aide à l’édition de publications relatives au monde grec, et par la publication d’une revue annuelle en collaboration avec les Amitiés gréco-suisses de Lausanne (jusqu’en 2023) : Desmos.
Forte de ses membres, amis de la Grèce et Grecs, l’Association gréco-suisse Jean-Gabriel Eynard perpétue la tradition philhellénique genevoise et la fait vivre au gré de l’évolution du monde et de la société.